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par Graham ⌂ @, jeudi 26 janvier 2017, 01:24 (il y a 2645 jours) @ Nakama
édité par Graham, jeudi 26 janvier 2017, 01:55

Il y en a quelques unes dont je suis sorti et qui ont aussi poursuivi leur baisse.
Je n'ai pas une capacité de recherche infinie. Elle est même pas mal limitée. Donc, il faut choisir et trancher, faire parfois des raccourcis. Le temps est limité. On peut traduire cette expression par cet adage connu: le temps c'est de l'argent.

Pour Exacompta, je me souviens bien. Je l'ai acquise à 40€ pour la revendre en quelques mois à environ 65€. Et cela m'a suffi. J'ai réinvesti la ligne libérée ailleurs considérant ailleurs le potentiel était meilleur. Je connais et comprends parfaitement bien la décote sur ses actifs. Une forte décote me parait parfaitement justifiée. Dans quelle proportion? C'est délicat à savoir, voire impossible. Les arguments depuis quinze ans sont à peu prêt les mêmes. L'information sur le coût de la pâte à papier à la limite est la seule variable d'ajustement. Mais la pente de très long terme sur celle-ci, même si aujourd'hui ceci n'est ponctuellement pas vrai, est significative du déclin de cette industrie en Europe développée. Ainsi dans le cas d'Exacompta je n'ai joué que sur une grave anomalie d'illiquidité du titre qui a déséquilibré un temps le carnet d'ordre. Je n'avais aucune ambition d'attendre que le cours remonte à 100, 150, 200, ce qui est possible techniquement. Il suffit que très peu y croient quelques temps pour perturber à la hausse la valorisation de cette société. Ainsi un peu plus de 50% en 6 mois, cela m'allait très bien. Pas de regret sur ce qui pour moi n'a été qu'un coup de poker où les chances m'étaient très favorables. Je pense en toute honnêteté n'avoir jamais été capable d'évaluer la valeur fondamentale de cette entreprise, qui pour moi, ne devrait guère différer de sa valeur à la casse puisque je suis assez persuadé qu'à très long terme elle périclitera.

Pour SESL, je me souviens moins bien. Comme souvent, je parvenais mal à distinguer ses avantages ou inconvénients concurrentiels. Donc j'ai principalement envisagé cette société sous son aspect financier. Je reconnais que c'est très réducteur. Je fais avec les moyens dont je dispose et je décide avec ces faibles éléments. Je me souviens vaguement qu'il y avait eu une succession sur plusieurs semestres d'annonces négatives. Sous son aspect financier, elle n'entrait plus dans mes critères et sa valorisation m'est apparue risquée. Donc oui dans ce cas et dans d'autres, ma négligence, mon manque d'assiduité et de temps a été cause d'une perte de gain, si l'on peut dire ainsi.

Je reviens à ce que j'ai dit plus tôt. Mon temps est limité, ma capacité de compréhension aussi ainsi que mon capital. Je dois composer et décider avec ces limites. Je décide donc souvent par raccourcis en faisant d'abord une hypothèse de risque sur le capital que j'investis et non sur le risque intrinsèque à la société. Ce qui semble tout à fait contre-intuitif dans une démarche d'investissement. Dans le cas de SESL, ma mauvaise connaissance a fait que mon choix n'a pas été bon eu égard à la performance future. Parfois je fais des choix d'investissement plus ou moins spéculatif par ce qu'ils ne se fondent pas sur une bonne connaissance de la société mais sur une estimation du risque que j'encours. Dans ces cas, je dois être prudent, si ces risques me paraissent grands et ils le sont quand je connais mal les sociétés, je dois être capable de décider vite et expéditivement. Le tout est de préserver le capital, la matière première. Parfois, j'ai raison, parfois j'ai plutôt tort. J'ai rarement perdu durablement en capital.

Cette discussion est intéressante. Qu'est-ce qui fait un bon investisseur globalement? La performance? Pas si sûr. La performance ne suffit pas, surtout ici où nous sommes dans un vaste espace virtuel. Ainsi, c'est très bien de faire 50% par exemple sur une année. Mais qu'est-ce que ça veut dire? Il y en a qui font ce score mais qui investissent zéro pourcent de leur patrimoine. Ce n'est alors qu'un jeu. D'autres font ce score en ayant l'essentiel de leur patrimoine en comptes bancaires, assurance-vie ou encore en immobilier. Ils misent alors peut-être 10% ou 20% de leur patrimoine sur cela. Le gain globalement est plus modeste: 5% à 10% globalement. Moi, je mise tout, même plus que tout puisque aujourd'hui je suis investi à 105% de mon patrimoine net de dettes. Et cela depuis un peu plus de quinze ans pour la bourse. Sur cette période ma performance moyenne est de 15% l'an environ avec une baisse ces cinq dernières années. Ce qui veut dire que j'ai plus que multiplié par 8 mon capital sur la période. Or mon capital investi, c'est l'intégralité de mon patrimoine. Au final, j'ai gagné plus par la bourse que la somme de mes revenus du travail depuis justement que je travaille. Mon approche est celle de la confrontation au risque puis de mon positionnement face au risque. Je ne cherche pas à détenir la vérité. Je cherche à contenir le risque et faire qu'il me soit plutôt favorable. Ainsi ma performance est honorable sur cette plage de temps et beaucoup plus médiocre ces toutes dernières années. Néanmoins, je m'enrichis bien plus que ne le permet ma condition. Je constate ce fait en me comparant, autour de moi, à mes camarades de mêmes conditions socio-économiques. Je suis le seul qui ait été capable de sortir de ma condition. Je suis le seul parmi eux qui pourrait me permettre d'arrêter de travailler tout en étant capable de remplir plus que mes strictes obligations familiales. Je suis le seul aussi, qui à mes 20 ans, ait été quelques temps SDF. Et tout cela ne tient qu'à deux choses: la première, je l'ai dite, c'est une capacité à évaluer le risque que j'encours, risque qui vient d'abord de soi, l'autre -et elle est fondamentale pour faire un bon investisseur- c'est les couilles, ou pour parler poliment la maîtrise de soi et de ses émotions, bref le sang froid.

Après, si l'on revient au sujet initial, c'est vrai je suis moins bon que je n'ai été. Je ne consacre plus 40 heures par semaine en sus de mon travail comme j'ai pu le faire jadis. Je peux me le permettre. 10% de gains par an, cela fait aujourd'hui un 80% du capital que je possédais il y a quinze ans, 80% d'ailleurs ma meilleure performance quand j'étais plus assidu et meilleur. 10% aujourd'hui, cela fait environ 2 années de ce que gagne par mon travail aujourd'hui. L'argent en soi ne m'intéresse pas. Ce n'est qu'un instrument de ma liberté. La bourse pareillement, j'y rajouterai que c'est pour moi un jeu intellectuel. Mais dans le fond, ce qui m'intéresse dans la vie est tout autre et bien plus précieux pour moi. Si j'ai une certaine conscience et fierté du chemin parcouru, je n'ai nulle vanité. Je me contrefiche d'être performant tout comme je me contrefiche que celui-ci ou celui-là soit meilleur que moi dans tel domaine. Ainsi je reconnais tout à fait le point de vue à mon égard de Nakama. C'est vrai. Tout comme je lui reconnais, bien évidemment, de grandes capacités de sélectionneur de valeurs. Disons que je me positionne autrement, à ma façon et m'en satisfais.

Puisque nous sommes dans un échange fait d'humour, je rajouterai en guise de remerciements, que je m'honore que le grand N. ait jeté quelques vues sur mon cas particulier. Heureusement que je suis peu émotif, parce qu'imaginez si j'étais vierge effarouchée, combien de confusion je rougirai.

Et comme je m'amuse à une nouvelle tactique que j'expliquerai peut-être un jour, je suis revenu sur ma position relative à Microvawes. J'avais tout vendu en fin d'année dernière après avoir misé quelques pourcents en début d'année. Vendu pour les arguments que j'ai cités ailleurs et que je considère toujours viables. Donc, j'ai changé: j'ai à nouveau du Microvawes. Mais je ne mise pas cette fois-ci sur l'entreprise. Je mise sur Nakama, comme je mise sur d'autres. J'essaie une nouvelle tactique à petite échelle. La mise est petite: 0,3% à la mesure du risque, non pas intrinsèque à la société, mais propre à mon ignorance. L'idée est de m'exposer et d'essayer de profiter de mon exposition volontaire à un risque aléatoire que j'essaie de contenir et de rendre favorable. Bref j'essaie d'imiter modestement Tayeb. Tayeb qui a priori semblait le contraire d'un investisseur, un spéculateur, mais qui si l'on y réfléchit bien était peut-être bien un réel investisseur mais d'un ordre supérieur, c'est pourquoi difficile à saisir du niveau subalterne. Imiter, c'est mal, pas original, montre une absence de personnalité. Dit-on. Mais on pense de travers depuis quelques temps. Les meilleurs savent qu'il n'y a que rarement talent inné, ni originalité innée. Il y a d'abord la maîtrise des meilleures techniques. En tout domaine, on ne parvient à la maîtrise des techniques et à la véritable originalité qu'après avoir pendant de longues années imité les meilleurs. Enfin, après le débat de Valls et d'Hamon, cela fait du bien de se changer les idées!

Quel sujet! On pourrait en discourir des heures.

Je conclus pour EXACOMPTA & SESL donc : pas de regret non plus

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